Sunday 8 March 2015

Les 3 secrets d'un mariage (longtemps) heureux


50 ans de bonheur, et ce n'est pas fini !

Est-ce qu’on peut vraiment rester un couple heureux pendant 50 ans? 
Je ne parle pas comme ce producteur d’Hollywood qui se vantait d’y être parvenu. Il s’était marié six fois pour y parvenir.
Ni comme George Burns qui disait que ceux qui avaient connu 50 ans de bonheur dans leur couple ne pouvaient être que ceux qui avaient été mariés 100 ans.
Je veux dire, est-ce réellement possible dans un monde où les voitures, les iPads et les téléphones sont réactualisés tous les ans, dans un monde qui nous force à admettre qu’on doit jeter ce qu’on n’aime plus et le remplacer par quelque chose de plus désirable, existe-t-il la possibilité d’une relation heureuse et durable avec une seule et même personne ?
La question devient plus actuelle encore à mesure que nous vivons plus longtemps et que la mort ne vient pas interrompre une alliance que nous avons contractée quand nous étions jeunes. Après quelques longues années de vie commune, mari et femme doivent choisir : ou bien prolonger l’histoire d’amour, de passion et d’amitié qui les a soudés lorsqu’ils étaient jeunes, ou bien renoncer au rêve de trouver le bonheur avec leur amour de jeunesse et s’embarquer pour un nouveau tour de manège, jusqu’à ce qu’ils trouvent la nouvelle dulcinée qui, espèrent-ils, les satisfera.
La vie de couple est un défi. On ne peut pas espérer découvrir par la seule intuition la recette miracle qui fera cohabiter deux personnes différentes. Après 54 ans de mariage (et ce n’est pas fini !), je veux vous faire partager trois enseignements majeurs que j’ai appris de la Tradition juive et de sa sagesse. 
1. Temps heureux et temps difficiles.
« Comment se fait-il qu’il y ait eu tant d’amour entre toi et papa ? »
Le premier me vient de ma mère, son âme repose en paix. Elle avait alors 95 ans. Ayant vu tant de couples se séparer pendant que sa relation avec mon père n’allait qu’en se renforçant, je me suis demandé quel pouvait être son secret. Mes parents ont connu beaucoup de temps difficiles. Ils ont du plusieurs fois fuir leur domicile par peur qu’on les tue : ils ont fui de Pologne en Allemagne, d’Allemagne en Hongrie, puis de Hongrie en Suisse, pour arriver finalement aux Etats-Unis où ils vécurent dans la pauvreté pendant de longues années. J’ai demandé à ma mère : « Comment se fait-il qu’il y ait eu tant d’amour entre toi et papa, et que vous n’ayez pas sombré dans le désespoir malgré tout ce qui vous est arrivé ? » 
Ma mère réfléchit pendant quelques instants puis dit simplement : « En vérité, je ne me doutais même pas que nous allions être tellement heureux. »
Elle avait pris conscience intuitivement que le mariage représente bien plus qu’une carte blanche pour s’amuser et passer du bon temps. Dans les films on dit que le bonheur est le but du mariage. Chez les Juifs, le bonheur est un dividende naturel que l’on touche pour avoir assumé une vie avec le partenaire que l’on a choisi, une vie faite d’engagements, de devoirs et de responsabilités.
Helen Keller exprimait une vérité profonde lorsqu’elle écrivait : « Le bonheur ne vient pas de l’extérieur, mais de l’intérieur. Ce n’est pas ce que nous voyons ou touchons, ni ce que font pour nous les autres qui nous rend heureux. C’est au contraire ce que nous-mêmes ressentons, pensons et faisons, d’abord pour les autres, et ensuite pour nous-mêmes ».
La racine du mot hébreu pour dire aimer est ohev, qui veut aussi dire je donnerai. Aimer réellement c’est d’abord se préoccuper des besoins de l’autre, plus que des siens. Dire « Je t’aime » ne doit pas être une manière de souligner « ce que tu dois faire pour moi », mais d’affirmer que « je veux faire quelque chose pour toi parce que cela me rend heureux».
Comparez cela avec les contrats que signent les couples aujourd’hui avant de se marier : lui devra sortir les poubelles à condition qu’elle fasse la vaisselle ; chacun préparera le diner à tour de rôle. Surtout : que personne n’en fasse plus que l’autre, ce ne serait pas juste. Evidemment, personne n’en ressort heureux puisque tous deux se sentent lésés en permanence.
Si vous vous mariez en pensant que cela va vous garantir le bonheur, vous allez droit au divorce. Commencez plutôt en sachant que le mariage vous offre la possibilité de partager les défis de la vie avec la personne que vous aimez, quelque soit la taille des difficultés qui vous attendent. Vous en tirerez l’immense bonheur qui provient de l’acte de donner.
La première étape pour garantir un mariage heureux est donc de savoir qu’on ne sera pas toujours forcément heureux.  Le premier message que l’on donne au jeune couple à la fin de la cérémonie est de briser un verre. La vie est aussi faite de moments de brisure, on ne fait pas que rigoler. Mais l’affronter avec un amour désintéressé permet de surmonter les épreuves et d’y trouver un bonheur qu’on n’aurait jamais connu en poursuivant une vie de plaisirs égoïstes.
2 – La bénédiction de l’oubli.
Le deuxième secret réside - surprise ! - dans la découverte qu’oublier est une bénédiction.
Un homme disait à son ami : « chaque fois que je me dispute avec elle, ma femme devient historique. »
« Tu veux dire hystérique, non ? » lui répond-il.
« Non, je veux dire historique. Elle se rappelle tout ce que je lui ait fait depuis vingt ans que nous sommes mariés ». 
Vous savez comment on appelle quelqu’un qui pense toujours avoir raison ? Un divorcé.
Les Sages du Midrash demandaient pourquoi Dieu nous a créés avec ce défaut qui s’appelle l’oubli. Il aurait très bien pu nous doter d’un cerveau suffisant pour qu’on puisse se rappeler tout ce qui nous arrive ! Ils répondirent qu’il ne s’agit pas d’une erreur, mais bien d’un plan Divin. Personne n’est parfait, nous faisons tous des erreurs et en cela nous sommes humains. Si nous faisons une gaffe, nous pouvons nous repentir, si nous blessons quelqu’un, nous pouvons lui demander pardon et continuer à vivre. 
L’oubli est un cadeau du Ciel qui nous permet de dépasser le stade de nos erreurs. Ne dit-on pas : « Je n’oublierai jamais » quand on reçoit un bienfait, et : « Je préfère oublier ça » quand quelqu’un nous blesse dans un moment de bêtise ou d’emportement ?
Albert Schweitzer écrivait : « Le bonheur n'est rien de plus qu’une bonne santé et une mauvaise mémoire» C’aurait pu être aussi la recette d’un mariage réussi. Malheureusement nous ne contrôlons pas notre état de santé, mais nous pouvons certainement décider d’oublier.
Si l’on se focalise sur les défauts du conjoint, alors on ne verra plus qu’eux. Mais si on utilise la gomme du crayon pour effacer les erreurs de l’autre et la mine pour écrire ses vertus, alors on ne risque pas d’oublier pourquoi on l’a épousé(e).
3. Les compromis
Voici mon dernier conseil pour terminer la liste. Je n’oublierai jamais comment une certaine dame m’a parlé du plus grand problème qu’elle avait dû confronter dans sa vie de couple : « J’ai toujours rêvé d’épouser M. Raison. Je croyais l’avoir trouvé jusqu’au jour où je me suis rendue compte que son prénom était : Jaitoujours ».
Vous savez comment on appelle quelqu’un qui pense toujours avoir raison ? Un divorcé. Personne n’a toujours raison. Et personne n’a toujours tort. Et si vous pensez avoir toujours raison, vous avez tort.
Deux personnes qui vivent ensemble ne peuvent pas être toujours d’accord. Si lors de chaque dispute ils devaient voter pour savoir qui a raison, il n’y aurait jamais d’issue. La solution est évidente : peu importe qui a raison, dans un couple on doit faire des compromis.
Il existe une loi étonnante à propos du symbole religieux que les Juifs accrochent à  l’entrée de leur maison. On place une Mezouza sur le linteau de la porte pour évoquer la Présence Divine.  Les commentateurs ont eu une discussion célèbre sur la position que devait avoir la Mezouza. Certains disaient qu’elle devait être placée verticalement, et d’autres horizontalement.
Que faire ? C’est le seul endroit dans toute la Loi juive où l’on n’a pas tranché en faveur de l’un ou de l’autre. Au lieu de trancher, on a adopté un compromis : la Mezouza sera placée en biais (rite Ashkénaze). Personne n’avait évoqué cette possibilité, mais cette solution incarne une vérité plus importante, qui doit être à la base de tout foyer juif s’il veut connaître bonheur et prospérité : le compromis. Quand une femme et son mari apprennent à céder un peu face à l’autre, même lorsqu’ils sont sûrs d’avoir raison, et qu’ils préfèrent concéder plutôt que vaincre à plate couture, leur récompense est la plus grande de toutes : ils reçoivent la bénédiction du Shalom.
Il n’est certainement pas aisé de suivre ces trois conseils. Un couple heureux n’arrive pas tout seul. Je suis d’accord avec Mae West qui disait : les années les plus difficiles dans le mariage sont celles qui suivent la cérémonie ». Mais après avoir célébré mes noces d’or, je pense être en bonne place pour recommander ces trois vérités qui m’ont aidé à arriver là où je suis, et pour vous garantir qu’elles vous aideront à y arriver aussi.

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